Ma coloc

Comme dans toute bonne série américaine qui se respecte, en amour, il faut des rebondissements. Quand je suis arrivée ici, deux colocs étaient en couple (depuis 1 et 3 ans) et l'autre cherchait encore (en cherchant surtout la compagnie d'un jeune homme au physique agréable, jouant au tennis, mais aux gouts cinématographiques déplaisants à mes yeux). Aujourd'hui, c'est la journée de tous les rebondissements : miss Rebecca a demandé à son copain de "faire un break", et miss Amber s'est faite larguée, sans doute comme une vieille chaussette mais je n'ai pas compris les détails entre les sanglots et les verres de gin. Car apparemment, l'américaine de base devient alcoolo quand elle a un chagrin d'amour. Je ne pensais pas qu'un petit bout de fille boirait autant de verres de gin (quasiment pas dilué dans un espèce de jus d'orange asthmatique) (le jus d'orange peut être asthmatique. Enfin, je pense qu'on ne peut aussi en trouver qu'ici, du vrai asthmatique, avec des quintes de toux au fond, une absence totale de quelconque possibilité de respiration dues aux vapeurs de senteurs chimiques) Enfin, vous me direz "tous les rebondissements ?" Il est vrai que depuis 2 jours, Dany n'a pas sauté partout avec des pépites dans les yeux en répétant qu'il est venu/qu'elle va le voir/qu'elle a reçu un sms, mais je n'ai pas osé lui demander les détails (de son rateau ? de son nouveau petit copain ?). Je ne gère pas trop les sous entendus (graveleux) ni l'humour américain (ou américaine ? je crois que c'est assez différent), donc je n'ai pas osé me lancer sur ce terrain sans risquer un clash (dans une chambre de 10m^2, pour encore deux mois, ça ne le ferait pas).

Sinon, je voudrais revenir sur mon poste précédent. Contrairement à ce qu'on m'en a dis, moi, il ne me plais pas plus que ça. Voyons, on n'y voit pas vraiment qu'est-ce qu'il faut en retenir, quels sont les petits détails qui font pétiller l'oeil, ceux que j'aimerais retenir encore en pensant à San Diego.
Au hasard, je n'aimerais pas oublier :
- la sensation sur le bodyboard quand on arrive finalement à prendre "bien" une vague et qu'on glisse sur l'eau, juste au devant de l'écume, avec des cris d'Aurore à côté qui vient d'apprendre que oui, c'est chouette les vagues.
- la tete de la serveuse du bar quand on a commandé deux cocktails à 4pm, et puis quand on a galéré à comprendre ce qu'elle voulait nous dire sur les verres "cadeaux".
- la tete du naturiste obèse qui prenait en photo des écureuils (ou assimilés, bien loin de leurs arbres en tout cas) sur le bord de la plage avec un sourire de petit gamin qui vient de voir une étoile filante.
- la vue de tout là haut sur la falaise, la mer à perte de vue, que je voyais tellement peu souvent cette année. La mer partout, d'ailleurs. La mer vue du train. La mer. Le Pacifique, tellement proche de mon chez moi pourtant.
- la tete d'Aurore quand on lui a dis qu'elle avait un accent anglais. On m'a dit ça aussi, dans le taxi en rentrant, mais en même temps, un arménien émigré avec un accent épouvantable... Faut-il le croire ?
- la soirée avec Quentin, la bière, la pizza.
- la tete de cerf gonflable qui tronait au dessus du miroir dans la salle de bain de la maison "trop" classe du géophysicien.

Car après tout, ce sont les détails qu'on se rappelera... Enfin j'espère. Se souvenir simplement de "shopping+plage", c'est d'un inintéressant.

Je ne sais plus qui avait dit que le "homesick", ça passe vite après l'installation, moi ce n'est pas encore passé, en tout cas, et d'ailleurs, je viens d'avoir suffisamment de sous pour faire l'aller retour dans la semaine... Je me retiens.